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Ecriveuse en herbe
1 juillet 2007

Duel à la plume ***

Duel à la plume



« Monsieur, vous m’offensez ! piailla l’honorable lady d’une voix aïgue.
Drapé de toute sa dignité et accessoirement d’un rideau, le jeune homme répondit aussi noblement que le lui autorisait la hauteur de sa naissance :
_ Dégage la vioque ou ça va chier grave !
La noble dame allait mettre fin à l’audace de l’opportun en lui arrachant sauvagement les yeux à l’aide de sa petite cuillère en argent quand un claquement de doigt retentit d’une manière étrangement sonore au milieu des bruyantes festivités. Il faut dire que les rires et les chants eux-mêmes ne se seraient pas permis de troubler l’auguste claquement de doigt du Seigneur.
La lady et l’adolescent étaient sous le point de mire de ses prunelles de feu. Immédiatement ils se prosternèrent aux pieds de leur souverain, se maudissant d’avoir par cette stupide querelle attiré son courroux.
Le Seigneur s’allongea confortablement sur un immense coussin de soie porté par deux petits angelots sauvages (reconnaissables à leurs longues griffes et surtout aux chaînes qui garantissait leur obéissance au cours du dressage). Il ouvrit la bouche. Un silence total se fit, tous les invités étant prêts à boire la moindre de ses paroles et à aduler chacun de ses silences.
Il proclama :
_ Que ce conflit se règle par un duel à mort !
Hourra et applaudissements se mirent à retentir, mais puisque le Seigneur n’avait pas terminé, il n’eut qu’à lever le sourcil gauche pour que de solides serviteurs mettent le mauvais fêtard à la porte. Lequel s’estima chanceux. Le Seigneur aurait pu lever le sourcil droit.
_ Vos armes seront des plumes. Votre champ de bataille cette longue table. Si au coucher du soleil aucun ne gît à terre, vous serez exécutés tous les deux. Que chacun choisisse son champion. Allez ! »
Remerciant humblement le Seigneur, noble dame et jeune homme partirent à la recherche d’un champion. La Lady choisit un preux chevalier de ses amants dont l’armure étincelant s’assortissait mal à son épée usée : c’est que ce chevalier avait donné bien des coups et en avait paré autant, mais n’avait jamais eu besoin de son armure pour autre chose que séduire par sa belle prestance (et masquer son visage difforme et hideux). Le garçon choisit une motarde de ses amies, appartenant aux Hells Amazones : sa combinaison de cuir rouge se mariait aux flammes noires ornant son casque et sa moto qu’elle fit monter sur la table d’un seul coup de rein. Les deux combattants étant prêts, on leur donna solennellement les deux plumes du duel. Il leur était interdit de se tuer l’un l’autre avec autre chose que ces plumes, l’épée et la moto devant être strictement limités à la défense. Le chevalier reçut une plume d’aigle tranchante et la motarde une plume de poule douce comme du duvet.

Un coup de gong plus tard et ils étaient l’un sur l’autre, l’armure étincelante du chevalier s’ornant d’une belle trace de pneu, la combinaison rouge de la motarde artistiquement tailladée. Ils se fixèrent encore un instant, se défiant sans le regard puisque leurs yeux à tous deux étaient cachés, puis se jetèrent à nouveau l’un sur l’autre. La motarde parvint d’un habile coup de roue à arracher la botte de fer du chevalier quelques secondes avant que celui-ci ne la jette à bas de sa pétaradante monture. Il commença à lui porter plusieurs coups redoutables de sa plume d’aigle et plus d’un dans l’assemblée paria sa montre et son billet qu’il allait la découper en morceaux encore toute vive. Soudain, profitant d’une trouée dans la garde du chevalier, la motarde se jeta à son pied nu, le souleva d’une diabolique torsion et se mit à le chatouiller savamment à l’aide de sa propre plume. Le chevalier ne tarda pas à hurler de rire puis à s’écrouler, riant toujours. Malgré la torture c’était un homme fort qui mit bien une heure avant de mourir de rire, une mort affreusement ennuyeuse mais qui eu l’heur de plaire au Seigneur, lequel daigna adresser un signe de tête à la motarde victorieuse et couverte de sang.
Ainsi le jeune homme gagna légitimement la dernière cerise du gâteau qu’il se disputait avec la lady et la fête put reprendre son cours normal – si tant est qu’elle en ai eu un un jour.

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Commentaires
L
Ecrit le 1er juillet 2007 pour Deslyres, sur le thème : duel à la plume, contrainte : une nouvelle absurde. L'absurde j'ai toujours un peu de mal à en lire, mais ça m'amuse énormément à écrire. Pour qu'il y ai une certaine logique malgré tout j'ai plutôt pris des images qui ne collaient pas ensembles plutôt que des mots qui ne voulaient rien dire, et j'ai inventé au fur et à mesure.
Ecriveuse en herbe
  • Envoi d'histoires, textes, nouvelles, scénario de BD et tentative de roman que j'ai écrit. Plus elles sont bien, plus il y a d'étoiles après le titre. Bonne lecture ! (textes protégés donc demandez avant de les utiliser merci)
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