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Ecriveuse en herbe
3 décembre 2006

Qui suis-je ? **

Qui suis-je ?

   Je ne sais pas ce que je suis.

  Je sais ce que je ne suis pas, dans les grandes lignes. Je suis à peu près sûre de ne pas être une carotte. Pas assez orange. Ni une vache. Manque de cornes. Je ne suis sans doute pas une planète, même si je doute qu’une planète ait conscience d’être une planète. Je ne suis pas non plus faite d’énergie pure, à moins que l’énergie pure ne sente ses os courbatus après un exercice violent. Bref, je ne suis catégoriquement sûre que d’une chose : je ne suis pas humaine. Je crois. Donc, comme tout ce qui n’est pas cataloguable, je me range dans les créatures magiques. Oui, mais laquelle ?

Je sais que j’ai deux apparences, seulement deux, que je peux adopter au choix. A ce que j’ai entendu dire, niveau créature magique, deux apparences, c’est minable. Ce n’est pas ma faute. Je n’ai jamais compris comment j’arrivait déjà à ça, alors, je ne peux sans doute pas faire mieux.

Par contre, j’ai très vite appris à passer de l’une à l’autre. Quand je suis venue au monde, toute naïve, prête à aimer et à être aimé, à découvrir, à grandir, j’ai mit un temps record pour me défaire de mes illusions : deux secondes. Il faut dire que je n’ai pas eu de bol : je suis apparue dans un champ de bataille cosmique, et je peux vous dire que là-dedans, ça tiraillait à tout va, à grands coups de sortilèges et de bazookas, je n’ai rien compris. J’était arrivée avec ma première apparence. Celle qui est humaine. J’ai aujourd’hui peu de certitudes, mais celle-ci fait parti de mes inébranlables : en aucun cas une humaine n’est équipée pour survivre dans une guerre se déroulant sur plus de dix plans. J’ai vite passé la seconde apparence. D’ailleurs, je ne devrai pas dire des apparences : c’est tout mon corps physique qui se modifie, dans ces cas-là. Alors, je vais parler de second corps : ça me paraît plus juste. Mon second corps est un corps de spectre, une espèce de fantôme à moitié solide.

Alors, qu’est-ce que je suis ? Une humaine ou un spectre ? Rien du tout. J’ai essayé les deux, je ne suis ni humaine ni spectre, je suis autre chose. Peut-être une arme. Mais peut-être pas. En tout cas, je suis moi. Enfin, peut-être. Vous l’avez sans doute compris : la question de mon identité me tracasse pas mal. Mais pas au point de vendre mon âme au diable. Il m’a fait des propositions, d’ailleurs. Des réponses contre moi. Vu que je trouvais que mon âme, c’était cher payé, alors deux corps et une âme, ça me paraissait beaucoup, j’ai dis non. Je n’ai pas marchandé : j’étais totalement inexpérimentée, dans ce domaine comme dans d’autres. Il est partit, et je ne l’ai plus revu.

Tant pis, je m’en remettrais. Je suis encore toute jeune, je crois, vu que la bataille s’est déroulée hors de l’espace et du temps. Moi, je me considère comme jeune. En tout cas, même si je ne suis plus totalement inexpérimentée, je ne sais toujours pas faire grand-chose. Ce qui écarte l’hypothèse de l’arme : franchement, qui a jamais vu une arme sans mode d’emploi ? Et puis, tant qu’à faire, autant engager une femme et un spectre. Des gens qui savent qui ils sont. Qui ont vécut. Qui ne sont pas nés au beau milieu d’un champ de bataille, sans parents à l’horizon, rien, personne. En plus j’étais dans une espèce de no man’s land, ce qui fait que je ne sais même pas dans quel camp je suis. C’est pas juste, quand même ! OK, je manque un peu de vocabulaire, mais mettez-vous à ma place 5 secondes, juste pour rigoler.

Je ne sais même pas si je suis vivante. En tout cas, je ne suis pas morte, puisqu’il faut être vivante avant de mourir. Mais je ne suis pas née, enfin, techniquement je ne suis pas née, je n’ai pas grandit, et je crois que je ne suis pas programmée pour vieillir, je ne suis donc pas vivante. Suis-je immortelle ? J’en doute. Changer de corps m’a plus d’une fois sauvé la vie (si je puis dire), puisque peu de sortilèges n’atteignent les humains, et que peu d’objets matériels ne blessent les spectres, mais, dans le doute, je préfère ne pas tenter l’expérience.

Quoi, la suite ? Quelle  suite ? Ah, la bataille ! Ma foi, si ça vous intéresse plus que mon mal-être existentiel… Donc, j’étais dans le no man’s land. Six armées combattaient autour de moi (quoi, j’ai dit dix ? Je parlais des plans cosmiques, des trucs sur lesquels on évolue, pas des armées !) Il y en avait une devant, une derrière, une à droite, une à gauche, une dessus et une dessous (non, ils ne volaient pas ! Il n’y avait pas de gravité, c’est tout. Et c’était déjà assez le bordel comme ça pour ne pas avoir besoin d’en rajouter.), et elles fonçaient toutes… Sur moi ! Je ne vous dit pas le choc quand elles se sont cognées ! J’ai bien crus mourir. Mais ils me sont littéralement passé au travers. C’était les premières troupes de choc, qui portent très bien leur nom je trouve. Elles étaient principalement matérielles. Oui, ça ressemble à la Terre, mais que voulez-vous, ce n’est pas parce que c’est loin que c’est forcément différent. Et, après m’être fait traversée, je me suis prise un sortilège dans la tronche. Qu’est-ce que ça fait mal !

J’ai fermé les ailes pour me protéger. Ah, oui, j’ai oublié de préciser que, sous ma forme spectrale, j’ai des ailes. Et une queue. Et un sabre. Qui m’a été bien utile plus tard. Mais je vais peut-être trop vite. Passons.

De toutes façon, une bataille cosmique, ça n’a rien de racontable, avec des mots ordinaires. Même si j’étais en face de vous et que je vous mimait toutes les phases, ça ne serait pas racontable. Il y a des ondes magiques à mouvement dionique inversée heurtant des particules de haine amplifiée par équalaser qu’on ne peut décrire que par : bang. Bref, une bataille se déroulant sur plus de dix plans, ce n’est pas racontable.

Je m’en suis sortie, en tout cas, en laissant derrière moi les derniers lambeaux de mon innocence. J’avais réussi à traverser les deux premier bataillons de cette espèce de guerre, sans que personne ne m’adresse la parole (je ne savais d’ailleurs pas si j’étais moi-même pourvu de cette fonction.) Je ne vous dit pas comme j’étais contente, en entendant quelqu’un m’appeler ! Je connaissais sa langue. Non, les langues que je connais ne sont pas des indices sur là d’où je viens (je suis d’ailleurs peut-être apparu par génération spontanée), vu que je les parle toutes. Je sais aussi quels gestes vont avec. Je sais ce que les attitudes veulent dire. Son attitude à lui était aussi surprise qu’aimable. Je dit il, parce que son apparence était celle d’un homme avec des ailes. Ce sont les ailes qui m’ont fait penser : tiens, et si on était de la même espèce ? Il s’est approché de moi. D’autre sortilèges fusaient, ainsi que de nombreuses armes, mais ça me passai littéralement au travers. Il était plus grand que moi. Pas beaucoup plus grand, pas grand comme le bastion ou grand comme une étoile, mais il faisait bien dix centimètres de plus que moi : juste assez pour que je lève la tête. Bizarrement, ça m’impressionnait plus que quelqu’un de carrément bâti à une autre échelle.

Il m’appelait, mais pas par mon nom. Il me donnait l’équivalent multi-espècéiste de ‘‘Mademoiselle’’. Avec un M majuscule. Charmant. Je suis passée de la recherche de mes origines biologiques à la recherche de l’âme sœur en un temps record. A l’époque (j’avais six minutes), il me semblait qu’un amoureux avait pour principale fonction de nous protéger contre les dangers de l’existence, et de répondre à toutes les questions. J’ai un peu changé d’avis depuis, mais c’est tout récent. Enfin bref, il s’appelait Ranachaël et c’était un archange. Il m’a enveloppé de ses ailes, comme dans un cocon, m’a prise dans ses bras et m’a emmenée. En pleine bataille. Romantique, n’est-ce pas ? La suite l’est moins.

Je n’ai pas vu par où il est passé. Il a voyagé hors du temps. Nous n’avons pas parlé. J’aurais dû me méfier. Mais bon, tout semblait normal, je naît, et quelqu’un arrive (avec à peine quelques instants et deux vagues d’assaut de retard) pour me chercher et veiller sur moi. Je ne sais pas où j’ai été cherché cette histoire comme quoi les nouveaux-nés doivent s’attendre à de l’affection ou, au moins, de l’attention, mais j’y croyait. Mon instinct humain, je suppose. Ou alors mes origines spectrales. Allez savoir. Ma dernière illusion (qui avait profitée de Ranachaël pour revenir au galop) s’est faite toute petite quand il a essayé de me tuer. Il avait ouvert ses ailes au-dessus d’un cercle de sable gris, froid et sec, vaguement éclairé par une lune indifférente. J’ai connu pas mal de lunes, depuis, mais celle-là est vraiment la pire. Même un sorcier païen superstitieux vénèrerait plus un tube de néon que cette lune. Tout autour du cercle, les ténèbres. Impossible de savoir ce qu’il y avait dedans. Ranachaël m’a jeté sur le sable, a sorti son épée et me l’a enfoncée au travers le corps.

Elle était vraiment classe, cette épée, quand j’y repense. Ce serait un glaive de feu, donné par un Dieu tout-puissant, que ça ne m’étonnerais pas. Elle ne réfléchissait pas la lumières de la luciole qui nous servait de lune, mais brillait de son propre éclat. Tant mieux, d’ailleurs, on y voyait vraiment rien. Je suppose que mes yeux s’y serait habitués, à la longue, mais c’était mieux comme ça. La poignée en or incrustée de pierres précieuses, des symboles miroitants le long de la lame, non, vraiment, ça c’était une épée classe. Le genre que les héros utilisent pour sauver le royaume, ou que les vrais héritiers du trône brandissent en lançant leur armée à l’attaque, pendant que le reflet du soleil fait ting sur leur sourire made in Hollywood.

Par contre, pas très bien aiguisée. On sentait que le propriétaire, jusqu’à présent, c’était contenté de montrer l’épée et que tout le monde avait agit au mieux pour qu’il n’ait pas à s’en servir (j’ai connu un caïd, comme ça, qui avait une certaine façon de sourire, en montrant son flingue, que tout le monde en faisait dans son froc. N’empêche que le flingue le plus craint de la ville n’a jamais été chargé). Ou peut-être qu’il venait de la récupérer dans un trésor royal par là, et qu’il n’avait pas eut le temps de la mettre à l’entretien.

Quoi je noies le poisson ? Quoi je noies le poisson ? Mais pas du tout ! Quel suspense, il n’y a pas de suspense, puisque tout le monde sait que je m’en suis sortie ! Sinon, je ne raconterai pas l’histoire, pas vrai ? OK, OK, je reprend… Je voulais juste décrire l’épée, c’est tout. Dès fois que quelqu’un aurait eut envie de m’en offrir une comme ça à Noël. Oui, je sais que j’en ai déjà une, et alors ?

Mon épée à moi, pour commencer, c’est un sabre. Je l’ai sous mes deux formes : à chaque fois, il se matérialise à mes cotés, comme si je ne l’avait jamais quitté. La magie me fait changer d’habits, d’armure, et autre babioles selon sa propre volonté, dans laquelle je n’est pas grand-chose à dire, mais toujours j’ai le sabre. Il n’est pas très beau, à part le petit dessin de dragon sur la poignée, mais il est solide et il coupe bien.

Où j’en étais ? J’avais une épée à travers le corps, c’est ça. Et le pire c’est qu’aujourd’hui, ce n’est pas sous ma forme spectrale qu’apparaît la cicatrice, mais sous ma forme humaine ! En plein milieu du ventre, en plus ! D’accord, les gens se serait peut-être étonné de mon absence de nombril, n’empêche que je n’ose pas porter de bikini, et que… Oui, oui, le combat. Je n’étais pas mortellement touchée, pas avec mon corps de spectre. J’avais mal, oui, puisque c’était une épée magique, mais la douleur se transmet difficilement quand on n’a pas l’enveloppe corporelle adéquate. Il a commit sa deuxième erreur en retirant l’épée (la première erreur, c’était d’avoir visé le ventre). Je me suis écartée et j’ai dégainée mon sabre. Ce n’était pas du sang qui coulait de ma blessure, mais un peu de fluide magique quasiment invisible, à l’odeur verdâtre (quoi, les odeurs n’ont pas de couleurs ? Ca, c’est votre langue qui est mal faite). Ca n’a pas coulé longtemps. Cette fois-ci, le temps existait, l’espace aussi, plus deux-trois trucs indispensable à la survie de l’espèce humaine, et je me suis retransformée pour essayer d’échapper à l’épée magique. Le décors autours de moi n’avait pas changé (je ne savait pas encore ce que ça a d’exceptionnel), mais Ranachaël avait quasiment disparu. Je devais vraiment me concentrer fort pour le voir. Il devait avoir du mal à me voir aussi, parce qu’il s’est transformé, pour devenir plus matériel. Les archanges, comme je l’ai appris par la suite, sont capables, s’ils sont puissants, de se matérialiser sous la forme de leur choix. L’une des petites coquetteries de Ran, c’est que quand je suis en humaine, il se change toujours en un mec hyper-sexy. Sans blague. C’est même à ça que je l’ai reconnu, une fois. On peut le repérer facilement dans une foule d’humains en suivant le sillage de filles qui se retournent sur son passage.

Il n’avait plus son épée. Il a essayé de me cogner, je lui ai coupé la main. Elle a repoussée. C’était très déstabilisant de se battre contre lui : il me souriait vraiment comme un amoureux qui vient de déclarer sa flamme. Et il n’arrêtait pas de guérir. Ce n’est qu’au bout d’un moment que j’ai compris qu’il pouvait avoir mal si moi je le frappais. J’ai lâché mon sabre, j’ai cogné, il a cogné, ça a duré soixante jours. Après, il ne faut pas vous étonner que je sache si bien me battre. C’était un apprentissage dur, et terriblement efficace. Lorsque la faim me faisait défaillir, ou le sommeil, ou qu’une autre fonction naturelle me demandais d’arrêter ce fichu combat interminable, je me retransformait, et on remettait ça, son épée contre mon sabre, sauf que si ses poings m’assommaient, son épée me coupait, je me retransformait vite, mon autre corps était reposé par magie, et ça recommençait… A la fin, j’ai préféré le sabre au combat à mains nues, parce que je devenait meilleure, mais c’est vrai que j’en ai bavé.

N’allez pas croire qu’on a faire que de se battre, Ran et moi… Je lui ai posé quelques questions. Il n’a pas répondu à toutes d’accord, mais il me certifie que j’aurais les réponses quand je serais prête. Que notre combat est un duel dont le but est savoir si je suis conforme ou non. Si je meurt, je suis non conforme, et si je suis non conforme, je meurt : le système a une certaine logique. C’est une sorte de contrôle technique, en fait. Ranachaël en est le contrôleur. Il n’a pas voulu me dire ce que j’étais, ni dans quel but j’ai été créée, ni si celui qui veut que je sois ‘‘conforme’’ est mon créateur, ni RIEN. Très énervant. Je ne sais même pas s’il m’a dit la vérité.

Je ne l’ai pas tué. Après soixante jours de combats acharnés, j’aurait eu le droit, à mon avis. Mais je n’ai pas pu. Trop fort. Et puis, il avait peut-être les réponses…

Depuis, je lui cours après. Il avait disparu brusquement. J’ai découvert, en cherchant la sortie, la véritable utilité de mon sabre : il me permet d’aller dans d’autres dimensions. Je repère une porte magique, je le glisse entre les deux battants et zou, me voilà de l’autre coté. C’est une manière de voyager qui plairait beaucoup aux humains, mais moi elle m’a toujours laissé sur ma faim. J’aime voyager pour de vrai, en faisant le chemin d’un point à un autre, c’est pour ça. Aujourd’hui, j’ai 300 ans et j’en ai fait, du chemin !

Un autre a sans doute des réponses à mon sujet. On l’appelle l’AlchimistE. Avec une majuscule au début et une à la fin. Tout le monde me dit qu’il sait tout, et qu’il sait comment trouver les réponses quand il ne les a pas, ce qui me plait beaucoup plus que tous ces voyants soi-disant infaillibles : ça fait plus réaliste. L’AlchimistE aussi, je le cherche. Et je cherche également, pendant que j’y suis à errer entre les univers à la recherche de moi-même, des amis, de la famille, l’âme sœur, et autres relations émotionnelles qui me font parfois défaut. A la limite, un maître d’apprentissage, mais un cool, parce que j’ai pris goût à la liberté.

Et bien voilà, c’était mon histoire. Si vous vouliez bien faire passer le mot, vous seriez gentils. Les détails, je les ai rajoutés pour vous faire plaisir, mais en fait il n’y a pas à tellement fouiller pour comprendre, je trouve. Rien d’extraordinaire là-dedans. Enfin, rien qu’à Palamba vous trouveriez extraordinaire. Bon, et maintenant, que le plus galant remplisse à nouveau mon verre !

FIN 

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Commentaires
L
J'ai inventé ce personnage en 2003, après avoir lu le livre Club Dumas. J'ai imaginé cette fille mystérieuse qui apparaitrait dans les histoires pour en changer le cours, sans qu'on sache comment ni pourquoi. Vu les origines que je lui ai collé, mon personnage est très différent de la fille du livre, mais je l'aime bien. Elle apparaîtra peut-être dans de vraies histoires...
Ecriveuse en herbe
  • Envoi d'histoires, textes, nouvelles, scénario de BD et tentative de roman que j'ai écrit. Plus elles sont bien, plus il y a d'étoiles après le titre. Bonne lecture ! (textes protégés donc demandez avant de les utiliser merci)
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