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Ecriveuse en herbe
9 avril 2008

Dans l'espace (suite) ***

Des milliers de bêtes courent dans la plaine. Chacune est plus grosse qu’un rhinocéros terrien, mais elles courent sur deux pattes arrière comme des dinosaures. Marlowèn fait un zoom sur elles. Elles sont rayées dans les nuances de brun, la peau recouverte de fourrure épaisse. Leurs deux pattes avant se divisent en deux longs doigts acérés. Une longue crête s’hérisse le long de leur échine et fini en couronne sur leur tête, au-dessus de leur long museau recouvert de minuscules cornes. Chacune doit poser plus de six tonnes. Elles vont très vite et piétinent tout sur leur passage.

« Vite ! s’exclame Eliana, il faut les remonter !

_ Du calme, répond l’Amazone.

Marlowèn est aussi sobrement efficace qu’à son habitude : elle arrête le forage, remonte la trompe, et fait prendre de l’altitude au ponctionneur.

Eliana met quelques secondes à comprendre ce qui se passe.

_ Mais on ne peut pas les abandonner !

_ Les gens comme ça m’ont toujours donné de l’allergie, ricane Marlowèn. Mais si tu tiens tant que ça à les défendre, tu n’as qu’à les rejoindre !

_ Mais… Mais… c’est un meurtre !

_ Non. Ils menacent la survie du Vaisseau. Ils ne respectent pas la hiérarchie Amazone, aucun d’entre eux. Et toi ?

Marlowèn regarde Eliana droit dans les yeux, un sourire triomphant sur le visage. La cadette sait que sa chef est armée et sait bien se battre. Elle sait que ce n’est pas son cas à elle. L’Amazone continue :

_ Alors, Elly ? Est-ce que tu es avec moi ? Ou contre moi ?

Eliana détourne la tête. Ner Lin et Chaganov ont rejoins la plate-forme et tente de fuir… loin du ponctionneur. Ils ont compris qu’ils étaient abandonnés. Elle ne voit même plus Mad Rav. Elle est seule avec une folle. Quoi qu’elle fasse, elle ne peut pas les sauver. Se haïssant à chaque mot pour sa lâcheté, elle répond :

_ Avec vous. Madame.

_ Excellent ! Je n’en attendais pas moins d’une véritable cadette Amazone ! » s’exclame joyeusement Marlowèn en attrapant le casque de direction télépathique. Les manœuvres simples d’éloignement se font manuellement mais elle aura besoin de toute sa concentration pour quitter la  planète et retourner au Vaisseau.

Les créatures arrivent déjà sur le lieu du forage. Elles dévastent tout. Eliana ne voit plus les autres. Elle ignore si la plate-forme a été assez rapide pour qu’ils s’en sortent. Et même si c’est le cas, sans réserve d’eau ni d’air respirable, ils sont condamnés à mort.

Marlowèn entre en phase avec l’appareil. Ses yeux prennent l’aspect vitreux habituel à ce genre de transmission. C’est le moment idéal : Eliana attrape l’arme à sa ceinture et la menace à bout portant :

« Stop ! Halte ! On retourne en bas !

L’Amazone émerge péniblement de sa transe. Diriger un engin spatial et parler en même temps sont deux tâches en théorie incompatibles, mais peu de pilotes ont son niveau exceptionnel et elle y parvient.

_ Tu viens de signer ton arrêt de mort, gamine !

Ce n’est pas ce qu’Eliana aurait cru en prenant le fouet électrique, mais à présent elle commence à réaliser qu’avec ou sans arme elle est totalement incapable d’obliger l’Amazone à aller là où elle n’a pas envie d’aller. Les Amazones sont résistantes à la douleur. Et celle-ci est de plus très, très en colère. Bloquant la montée du ponctionneur, elle arrache son casque télépathique et se jette sur Eliana qui tente de lui lancer une décharge électrique, juste une fraction de seconde trop tard. Sa chef l’écrase de tout son poids et lui broie la gorge. Un énorme choc suit et l’Amazone est jetée sur le coté. Elly roule de l’autre coté et tente de se remettre debout, la respiration sifflante. C’est alors qu’elle voit Mad Rav en train de se battre contre Marlowèn. Il a bénéficié de l’effet de surprise mais à présent elle s’est ressaisie et toute une vie d’entraînement acharné au combat porte ses fruits. Elle reprend sans mal le contrôle de la situation.

Mais Elly tient toujours son fouet électrique. Dès que sa vision est revenue à la normale, elle vise et lance une décharge. Marlowèn s’écroule inanimée sur le sol.

« Merci, dit Mad Rav. J’imagine que tu n’étais pas d’accord pour nous abandonner.

_ Merci à vous. Je crois qu’elle m’aurait… qu’elle aurait…

Eliana frissonne et refuse d’utiliser le mot ‘tuée’. C’est trop atroce. C’est inimaginable, c’est indicible, c’est abject. Surtout venant d’une Amazone. Egoïstes et entêtées, oui, mais ces femmes ne peuvent pas être des assassins, ce sont les héroïnes indispensables à la survie du Vaisseau, pas… pas ça.

_ Elly ! Reste avec moi ! Tu ne vas pas t’évanouir quand même ?

_ Non. Non… ça devrait aller… Oui, ça ira. Vite ! Il faut redescendre chercher Chaganov et Ner Lin !

_ Je t’en pris, à toi l’honneur.

Eliana se penche vers les commandes manuelles et redescend le ponctionneur avec une certaine habilité.

_ Tu n’utilises pas le casque ? demande Mad Rav.

_ Non, je n’ai pas encore le niveau pour m’en servir.

_ Quoi ? Mais alors pourquoi Strombarr t’a fait venir ? Tu étais sensée être notre joker au cas où la dictatrice en chef pète les plombs !

_ Faux. Je suis ici par accident. Mais ne vous en faites pas : Chaganov a le niveau. Et vous ? Comment vous avez fait pour vous retrouver à bord ?

_ Je suis monté derrière vous. Je craignais un coup comme ça.

_ Mais comment…

_ Disons que j’ai certains talents, d’accord ? Maintenant allons porter à nos amis le doux son vernaculaire d’un moteur spatial, tu veux bien ?

_ Heu, oui, bien sûr. Mais comment on va les retrouver ?

_ J’ai les codes de leurs combinaisons, le radar va nous guider jusqu’à eux.

_ Hein ? Mais c’est illégal ! Vous êtes quoi, comme prêtre ? »

Mad Rav sourit à la cadette et ne lui répond rien. En attendant qu’ils soient revenus au niveau du sol, il ligote l’Amazone avec un fil de contention que seuls les policiers ont le droit de posséder. Et une fois de plus Elly se demande ce qu’elle vient faire dans cette histoire qui la dépasse.

Elle n’a pas le talent de Marlowèn dans le délicat équilibrage des moteurs et doit s’arrêter assez haut. La plate-forme principale étant restée en bas, elle et Mad Rav descendent à l’aide d’un filin qui ne peut pas leur permettre de se déplacer. C’est à pied, dans la forêt, qu’ils vont devoir retrouver leurs compagnons.

Les bois au-delà de la plaine – où les derniers échos de la terrible migration s’effacent – sont différents de ceux du premier site où les étoiliens se sont posés, même si les plantes gardent la même teinte mauve qui doit venir de la chlorophylle locale. De longues branches dures comme la pierre émergent du sol en suivant des spirales irrégulières d’où pendent d’immenses feuilles tordues en hélice. Eliana hésite au début à repousser ces rideaux de végétation puis fini par s’y faire. L’angoisse qui la tenaille est plus forte que ses réticences écologiques. Elle enjambe les bosses un peu gélatineuses qui émergent du sol ici et là. Elle esquive les longs fils bleus tendus à sa hauteur. Elle sursaute à peine en voyant un animal traverser devant elle trop vite pour qu’elle puisse l’identifier – de toute façon cet animal n’a rien de terrestre. Elle suit Mad Rav de son mieux et tente de repousser les questions qui tournoient dans sa tête.

Ils s’arrêtent dans une clairière. La lumière du soleil, passant à travers les feuilles, prend une teinte mauve qui donne à la scène un aspect irréel. D’autant plus que la plate-forme est abandonnée ici.

Eliana, épuisée, n’hésite plus à s’asseoir sur la mousse rase qui recouvre le sol, parsemée ici et là de quelques touffes d’herbe marron. Son entraînement quotidien est assez sportif mais elle n’était pas préparée à marcher autant et si loin. Elle demande au prêtre :

_ Ils sont encore loin ?

_ Assez, oui. La plate-forme a dû les obliger à avancer lentement au-dessus des arbres, mais ici ils ont décidé de la poser et de continuer à pied.

_ C’est absurde. Ils ne peuvent pas s’en sortir sans aide. Pourquoi ils ne sont pas restés là où on pourrait facilement les sauver ?

_ Qui irait les sauver ?

_ Ben… vous, déjà.

_ Je n’ai pas eu le temps de les prévenir. »

Mad Rav ne dit plus rien et cherche à calculer le trajet le plus court. Les combinaisons ne permettent pas de porter beaucoup de matériel mais la large ceinture contient de nombreux outils de survie, dont le plus important : l’informatique. Un écran holographique miniature est posé sur le poignet. Sur le reste du corps la combinaison n’est qu’une épaisse couche de tissu noir, jusqu’au casque qui laisse une bulle devant le visage pour que la personne soit à l’aise pour respirer, boire et manger les rations qui émergent directement devant sa bouche. Les lunettes améliorant la vue masquent les yeux aux autres personnes, alors qu’on peut voir le reste de l’expression du visage. Eliana a toujours trouvé ce décalage très dérangeant. Comme à présent où un sourire apparait sur le visage du prêtre. Est-il heureux, ironique, cruel ?

« Par là » dit-il sobrement avant de repartir. Elly le suit, tous ses muscles protestant contre la fatigue. En se frayant un chemin elle est surprise de ne plus rien sentir sur le coté gauche de sa combinaison. Soit celle-ci est déréglée, soit elle protège la peau de la cadette d’une sensation atroce…

En se tournant, Eliana voit qu’une plante a enroulé autour de son bras de longs tentacules mauves mouchetés de brun, recouverts de minuscules cils qui se sont collés à sa combinaison et tentent de se frayer un chemin. Elly n’a pas le réflexe de voir une plante comme un danger potentiel et elle reste un certain temps immobile sans comprendre ce qui se passe. Intrigué de ne plus l’entendre derrière lui, Mad Rav revient ses pas et s’exclame en voyant la scène :

« Elly ! Tire-toi de là ! Elle est en train de te bouffer !

_ Hein ? Mais non, c’est pas… »

Sans attendre qu’elle fasse le nécessaire elle-même Mad Rav attrape le bras de la cadette et tire violemment. La plante s’accroche à sa proie. Réalisant enfin le danger en voyant un oiseau à moitié digéré sous les autres tentacules, Eliana prend le fouet électrique qu’elle a volé à l’Amazone et envoi une décharge minimale. La réaction de la plante est rapide et très violente : elle arrache ses tentacules en fouettant brusquement l’air autour d’elle, sans prendre garde aux minuscules fils qui restent plantés dans la combinaison de la cadette. Le prêtre tire Elly loin du danger tandis qu’elle reste hébétée, ne comprenant pas ce qui lui est arrivé, et encore un peu sous le choc du coup de tentacule qui a heurté son menton – la combinaison a absorbé le plus gros de l’impact mais pas la totalité. Une fois remise de ses émotions elle suit docilement Mad Rav. Elle commence à présent à réaliser que la nature n’est pas seulement une merveille et que dans sa lutte pour survivre, la vie peut être salement dangereuse… Elle le savait grâce à ses cours de biologie, mais auparavant des années de conte de fée où même le loup ne dévore pas le Petit Chaperon Rouge l’ont davantage marquée. Strombarr avait raison : le terrain est rudement efficace pour progresser.

Au bout de quelques minutes de marche le prêtre grommelle à mi-voix :

« Ils sont trop loin, ce n’est pas normal.

_ Comment ça ?

_ A la limite, Chaganov est obligée d’être assez sportive. Mais ce n’est qu’une gamine. Et Ner Lin n’est pas capable de marcher aussi loin sans efforts.

_ Ils ont avancé plus vite que nous ?

_ Oui. Je… »

Eliana se saura jamais ce que Mad Rav veut dire. Il s’arrête net de parler et lève la main pour lui faire signe de ne pas bouger. Elle s’immobilise et à son tour remarque une suite de bruits tranchants avec le murmure précédant de la forêt. Une sorte de roucoulement, plus grave et plus puissant, marquant des arrêts et des changements de rythme, et surtout venant à la fois de leur gauche et de leur droite. La cadette dégaine son fouet sans hésiter. Mad Rav n’est pas armé mais il se met en position de combat, ce qu’il n’a certainement pas appris à faire en haranguant les foules dociles.

Des créatures émergent des bois.

Hautes d’un mètre, reptiliennes, elles se déplacent sur leurs deux pattes arrières et s’équilibrent avec leur longue queue. Leur corps écailleux est par endroits recouvert de fourrure zébrée. Leurs têtes sont grosses par rapport au reste de leur corps et presque parfaitement sphériques, à l’exception de deux ailettes sur les cotés qu’elles déploient au rythme de leurs roucoulements. Leurs grands yeux globuleux, d’un noir uni, sont braqués sur les deux humains. Elles sont six.

« Je… vous croyez qu’ils mordent ? demande Eliana.

_ Aucune idée. On dirait qu’ils nous parlent…

_ On est sans doute sur leur territoire. Ils vérifient si on n’est pas dangereux…

Un long palabre semble s’entamer entre les créatures dont les ailettes changent de couleur et qui secouent la tête comme pour marquer la discussion. L’une d’entre elle fouille son pelage et en retire un objet qu’elle tend à Eliana : un compartiment venu tout droit d’une ceinture de combinaison étoilienne. La cadette fait instinctivement un geste pour le prendre et l’autre recule vivement pour se mettre hors de sa portée, avant de recommencer à roucouler.

Elly hésite à demander à Mad Rav ce qu’il faut faire : techniquement elle est la plus gradée des deux et c’est à elle de le protéger. Dans les faits, elle n’a aucune expérience du commandement, n’est absolument pas préparée à affronter une faune extraterrestre et n’a pas le moindre désir de contrarier son ainé si mystérieux. Il lui dit :

_ Autant les suivre, c’est sans doute ce que Ner Lin et la petite ont fait.

_ Mais c’est peut-être un piège.

_ Oui, mais toi, tu es armée. Ouvre l’œil.

Elly se retient d’effectuer un salut militaire devant ce civil : il a des inflexions de voix rappelant étrangement ses autoritaires professeurs. Ils suivent un certain temps les créatures qui les pressent de leur mieux, pas assez pour leur faire peur mais suffisamment pour qu’ils comprennent bien qu’ils sont trop lents. Peu à peu le paysage s’éclairci devant eux, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent devant une clairière bien plus vaste que la précédente. Trois grands tapis de fourrure en tapissent l’entrée. Du moins c’est l’impression qu’en a Eliana, jusqu’à ce qu’elle réalise que ces tapis en forme de losange sont posés sur des centaines de petites pattes, et que deux yeux dépassent au bout de deux tiges. Et qu’ils bougent tout seul. Pas de quoi crier au miracle sur un Vaisseau ultra-moderne, mais ici ça veut sans doute dire qu’ils sont vivants. Les créatures roucoulantes grimpent sur les animaux-tapis et tiennent de longs discours aux deux humains, en faisant de grands mouvements de tête que la cadette trouve comique. Elle consulte Mad Rav du regard. Il acquiesce. Elle grimpe donc à bord, suivie de près par le prêtre, fouet électrique sorti et prêt à servir. Les deux créatures qui sont montées avec eux les agrippent d’une patte griffue, l’autre étant soigneusement emmêlée dans les longs poils. Eliana braque son fouet vers l’un de leurs guide, prête à s’en servir au moindre geste suspect, et enroule les poils autour de son autre bras, à la grande satisfaction des deux créatures. Avec un temps de recul Mad Rav l’imite. Les deux créatures mordent alors sauvagement l’animal-tapis, et avant que les deux humains ne se demandent ce qui se passe, la bête se met à courir à toute allure à travers la clairière.

Eliana se retient pour ne pas hurler tandis que le vent siffle autour d’elle. La vitesse l’aurait complètement aveuglée sans sa combinaison protectrice, mais en fait seule la terreur l’empêche d’apprécier la balade à sa juste valeur. Les petites pattes donnent une douce ondulation à l’animal qui reste parfaitement plat et très confortable. D’un signe de tête le prête fait signe à Elly qu’ils vont dans la bonne direction. Tout va bien.

Jusqu’à ce qu’ils arrivent à une falaise et que la cadette s’aperçoive que les animaux-tapis ne courent pas à plat. Ils courent parallèlement au sol. Et leurs pattes leurs permettent sans doute de s’adapter à tous les sols, y compris ceux qui sont si raides qu’une rivière s’y transformerai en cascade.

Cette fois Mad Rav ne peut pas se retenir de hurler, contrairement à Eliana qui ne pourrait pas décoller les dents sans un pied de biche. En partie libéré de la pesanteur, leur monture accélère encore. Sans les griffes des créatures guides les deux humains seraient tombés, bien accrochés ou pas.

Une fois les falaises dépassées les animaux-tapis prouvent qu’ils ont encore de l’énergie sous leurs poils et accélèrent une dernière fois. Eliana se retient de toutes ses forces pour ne pas partir en arrière et elle distingue à peine son camarade qui en fait autant. Tous les deux sont complètement dépassés par les évènements. Plus question de surveiller la direction empruntée ou de menacer les créatures : pour le moment ne reste que la survie.

Enfin leurs montures ralentissent puis s’arrêtent. Hébétée, Eliana réalise qu’elle n’a malgré tout pas lâché son arme. Marlowèn serait fière d’elle – ce qui n’est pas un motif de réjouissance. Les deux humains descendent aussi vite qu’ils l’osent.

Ils sont devant un immense agglomérat de bois et de matières souples proches du plastique, où des dizaines de créatures toutes semblables se pressent pour les regarder avec une évidente curiosité, roucoulant à qui mieux mieux. Ce sont de toute évidence les animaux sociaux dont parlaient les rapports. Les créatures tirent maladroitement sur les jambes des étoiliens pour leur faire signe d’avancer encore. Mad Rav consulte son ordinateur et confirme d’un signe de tête à Eliana qu’ils sont bien amenés vers leurs compagnons. Plusieurs créatures imitent le geste du prêtre sur son poignet et son mouvement de tête. Eliana tente à son tour de bouger la main. La créature qui lui fait face bouge sa patte à deux griffes, avant de se retourner vers les autres et de se lancer dans une série de pépiement aigues. Sans doute est-elle très fière d’elle. Ou peut-être qu’Elly a lancé un geste d’insulte mortelle et que tous ceux qui l’entourent vont la mettre à mort… Elle chasse ces idées et suit Mad Rav, absolument fascinée par ce qui est sans aucun doute une ville : les créatures vivent là-dedans, d’une manière très différente des maisons terrestres ou des quartiers ultra-organisés du Vaisseau, mais elles les ont construits elles-mêmes pour y vivre. On les fait passer sous des ponts et sur des toits dans un trajet complexe. La cité est un véritable labyrinthe où ils montent sans cesse. Enfin ils arrivent au sommet. Eliana ignore royalement la superbe vue qui s’offre à elle, autant que l’étrange maison sphérique dressée sur la petite place de pierres plates. Elle ne voit que Ner Lin, vivant. Dès qu’il les aperçoit, le savant se précipite pour enlacer sans façons le prêtre et la cadette.

« J’ai bien cru que je ne vous reverrai jamais ! s’exclame-t-il avec émotion.

A son grand embarras, Eliana sens une larme prête à couler sur sa joue. Elle tente de masquer son soulagement en demandant :

_ Où est Chaganov ?

_ Vous allez bien ? demande Mad Rav en même temps.

_ Chav est dans la sphère, elle entre des données dans la matrice. Je suis sorti parce qu’ils insistaient… ils voulaient sans doute me prévenir que vous étiez arrivés ! Chav m’aide à créer un traducteur. C’est délicat, ils n’utilisent pas seulement les sons, toutes les couleurs de leurs ailettes et leurs mouvements de tête participent à leur langage, mais ce n’est pas si éloigné du nôtre, et surtout ils font beaucoup d’efforts pour nous aider ! Venez, suivez-moi, c’est absolument génial ! »

Le savant trotte comme un gamin excité vers la sphère. Eliana et Mad Rav échangent un coup d’œil et le suivent. Il n’a pas mentionné l’abandon de Marlowèn ni demandé par quel moyen ils vont rentrer au Vaisseau… Eliana note également que Chaganov la petite rebelle a assez confiance en lui pour lui permettre de l’appeler par un surnom, preuve qu’il s’est bien occupé d’elle pendant leur fuite. Ou qu’elle s’est bien occupée de lui. Chaganov a sans doute un caractère assez déterminé pour prendre les choses en main en cas de crise.

A l’intérieur de la sphère, d’innombrables boucles plus ou moins rigides pendent du plafond et des murs. Avec l’assurance de quelqu’un qui a fait ça toute sa vie, Ner Lin les utilise comme une échelle pour monter jusqu’à une plate-forme ronde au centre du bâtiment. Chaganov est assise là, au milieu de créatures qui utilisent des objets d’un mécanisme grossier mais complexe devant elle, tandis qu’elle filme leurs têtes et pianote sur son ordinateur. Elle se retourne vers Eliana et Mad Rav, les salue brièvement et retourne à son ouvrage.

« Moi aussi, je suis contente de te voir, Chaganov ! lança ironiquement Eliana un peu refroidie par cet accueil.

_ J’ai mis en équation les probabilités les plus logiques, explique Ner Lin. Il n’y a pas une infinité de choses qu’on peut vouloir transmettre par le langage. Chav enregistre et le moment venu, le programme aura trouvé la clé et nous devrions pouvoir communiquer avec eux.

_ Il faudrait qu’ils nous ramènent au ponctionneur et de là au Vaisseau, dit Mad Rav. Nos combinaisons n’ont plus que 16 heures d’autonomie. L’atmosphère de cette planète nous tuera en quelques jours.

_ Justement, dit le savant, j’étais en train de réfléchir à un système de filtres… Juste pour dépanner, quoi.

_ Vous pourriez survivre ici ?

_ L’eau reste le principal problème. Je me suis concentré sur le traducteur, on verra le reste plus tard. Chav est une assistante très précieuse et je dois avouer que la formation de l’Ecole du Ciel est très complète. Moi je croyais qu’on leur apprenait à piloter, rien de plus…

_ Et à diriger le Conseil, aussi, au passage.

_ Ah bon ?

_ Nom de… vous y siégez, au Conseil, faites donc un peu attention ! L’abandon de Marlowèn était un meurtre ! L’épuisement de nos réserves de carburant est un attentat politique !

_ Quoi ? s’exclament en cœur Ner Lin et Eliana.

Chaganov se tourne en partie vers eux et leur dit d’une voix stupéfaite :

_ C’est pas vrai, mais d’où vous sortez tous les deux ? Vous connaissez le pacte des 111 ?

Eliana grimace. Elle toujours tenu l’existence du pacte et surtout de ses membres pour une rumeur : comment croire que des Amazones puissent être assez criminelles pour comploter contre le Conseil et tenter de prendre le contrôle du Vaisseau ?

Ner Lin demande :

_ Ce sont des membres du 1er bataillon, c’est ça ? Tu crois qu’elles existent vraiment ?

_ Evidemment. Elles ont même tenté de me recruter. Je me suis rebellée, et depuis je suis au 8ème, sur un siège éjectable. J’ai essayé de les dénoncer, de les arrêter, mais je n’arrive à rien ! Tout ce que je vois, c’est les conséquences ! Pourquoi vous croyez qu’il n’y a pas d’homme à l’Ecole du Ciel ? Ils ne sont pas nombreux à résister au Vertige, mais pourquoi on ferme nos portes à ceux qui y arrivent ? Pourquoi on interdit toute la formation à ceux qui ne peuvent pas piloter ? Pourquoi toutes les recherches pour adapter les appareils à télépathie à leur cerveau sont interdites ?

Chaganov s’arrête dans sa litanie pour tousser misérablement. La nuit blanche et toutes ses aventures ont été rudes pour elle. Elle est épuisée. Elle programme l’arrivée d’un sirop dans les tubes nourriciers de son casque mais l’ordinateur la prévient qu’il n’en reste plus.

_ Chaganov, propose doucement Elly, explique-moi quoi faire, je vais te remplacer. Va dormir.

_ Je… prosteste l’enfant. Pas toute de suite…

_ Si. Je suis au 4ème bataillon et toi au 8ème, tu es obligée de m’obéir. Exécution, fillette !

_ Fillette toi-même… » murmure Chaganov avant de lui donner l’appareil et de se pelotonner sur le sol sans demander son reste. Les créatures ne cessent de se coller à elle, apparemment très intriguées. Elly les surveille mais n’ose pas les chasser.

Ner Lin prend lui-même en main la collecte de données. Un silence pesant s’est abattu sur les étoiliens. Silence qu’au bout d’un moment Mad Rav romps timidement :

« Ce n’est pas si grave qu’elle croit, vous savez. Nous avons encore la situation en main.

_ Nous ? s’exclame Elly plus agressivement qu’elle ne l’aurait voulu. C’est qui nous ? Qui êtes-vous, bon sang !

_ Mon vrai nom est Jok. J’appartiens à la police secrète du Vaisseau. A présent que je vous fais confiance je n’ai plus besoin de masque.

_ Quelle police secrète ? demande Eliana. Depuis quand on a une police secrète ?

_ On ne crie pas son existence sur tous les toits ! Nous…

_ C’est interdit par la Constitution du Vaisseau ! Nom d’une étoile, mais il n’y a donc personne sur le Vaisseau qui… qui… qui fait simplement son boulot sans comploter !

_ Nous luttons contre les 111.

_ Vous avez infiltré l’église de l’Océan Victorieux ? demande Ner Lin.

_ Non, nous composons l’Océan Victorieux… On peut mettre notre nez partout et bouger selon nos nécessités sans que ça paraisse curieux, nous fréquentons aussi bien le gratin que les zonards. C’est pratique. Nous faisons nos rapports au Conseil. Vous savez, Monsieur le Ministre, les dossiers marqués T.S.O.V. ?

_ Ah oui. C’est vrai.

_ Donc, nous agissons avant que les 111 ne colonisent la planète. On sait que c’est leur projet. Nous surveillons plusieurs complots de ce genre, notre nouveau monde excite toutes les convoitises, bien entendu. Mais seules les Amazones ont une chance d’aboutir : ce sont les seules à pouvoir aller librement du Vaisseau à la planète. Nous soupçonnions Marlowèn d’en faire parti et son geste l’a confirmé.

_ Elle est où d’ailleurs ? demande le savant.

_ Ligotée et en train de dormir gentiment dans le ponctionneur.

_ Non de… s’exclame Ner Lin en regardant son traducteur improvisé, ça y est ! On l’a !

Les trois humains se serrent autour de la machine qui produit en hologramme une tête semblable à celles des créatures. Eliana secoue Chaganov pour qu’elle assiste à ce premier échange historique. La cadette émerge difficilement de la brume de son sommeil mais lutte pour garder les yeux ouverts jusqu’à la fin. Jok dit au savant :

_ Demandez-leur de nous ramener.

_ Non, je veux d’abord leur poser des questions sur leur mode de vie.

_ N’importe quoi, intervient Eliana. Vous ne connaissez donc pas la procédure ?

A voir leurs yeux ronds, non, ils ne la connaissent pas. En même temps, aucun manuel n’avait prévu que ce ne serait pas une Amazone qui établirait le premier contact avec une intelligence non-terrestre. La cadette se penche et sur le clavier tape la phrase : « Nous venons en paix. »

La tête holographique émet un roucoulement tandis que ses ailettes prennent une teinte d’un rose nacré tirant sur le beige. Toutes les créatures restent figées puis se mettent à parler toutes en même temps. Le traducteur ne parvient qu’à émettre de petits messages épars :

_ D’où venir ?

_ Pourquoi ? Pourquoi ?

_ Voix !

_ Griffes douces de peau dure qui sait !

_ Petit enfermé dans l’image ?

_ Tête qui parle ! Tête qui parle !

Ner Lin, un sourire ravi aux lèvres, corrige le traducteur au fur et à mesure. Il est incapable de saisir les nuances des sons et des couleurs mais une fois que la machine les change en chiffre, c’est pour lui le plus limpide des langages. Peu à peu un véritable dialogue s’instaure. Aucun des humains n’a jamais été aussi  ému – à part Chaganov qui n’a plus l’air du tout de suivre le mouvement et reste inanimée au sol.

_ Qui êtes-vous ? demande l’une des créatures.

_ Des humains. Nous sommes une espèce qui vient d’un autre monde.

_ Le kriouulou ? (à cet instant le traducteur est dépassé)

_ Je ne comprends pas.

_ Là où vont les morts.

_ Non, nous venons de… au-dessus les étoiles.

_ Bon sang, s’exclame Jok, ils ont une religion ! Ils croient à la vie après la mort !

_ Je vais leur demander si… commence Ner Lin avant d’être brutalement interrompu :

_ On n’a pas le temps, les prochaines expéditions s’occuperont de ça ! »

Tandis que le savant et le faux prêtre se chamaillent, Eliana s’est rapprochée de Chaganov. Elle connait bien la réputation de la petite cadette et même épuisée, son manque de réaction devant ces créatures incroyables est très inquiétant. Elle la met sur le dos. Sa peau est creusée et pâle. Ce n’est pas une simple nuit blanche qui a pu la mettre dans un état pareil. Les créatures penchées au-dessus d’elle adressent un long discours à Eliana, qui ordonne aux deux autres :

« Ramenez le traducteur ici.

Sans se poser de questions, Ner Lin s’exécute. Tous les extraterrestres parlent en même temps mais le message général reste compréhensible : ils sentent sur Chaganov l’odeur d’une créature venimeuse et pensent qu’elle est malade de ce contact.

_ Quelle créature ? Nous ne la connaissons pas ! pianote fébrilement Eliana.

_ La même qui a laissé son odeur sur toi, répondent les créatures.

_ C’était une plante carnivore, explique la cadette à Ner Lin. Mais elle ne m’a rien fait, Mad… enfin, Jok m’a tirée de là, et c’est tout.

_ Chav aussi est tombée sur cette saleté. J’ai dû couper deux tentacules pour qu’elle la lâche. Le venin n’aurait jamais dû traverser la combinaison !

Pendant ce temps Jok s’est penché sur l’enfant pour l’examiner. Il finit par trouver une série de minuscules trous à la hauteur de son épaule.

_ Si, il a réussi. Venez, il faut la ramener au Vaisseau immédiatement. Et Elly aussi, avant que le poison n’agisse sur elle.

_ Mais comment on va piloter le ponctionneur ? s’exclame Elly au bord des larmes. Marlowèn préfèrera crever que de nous aider et Chaganov n’est pas en état de le faire ! Le temps qu’on appelle à l’aide, il sera peut-être… trop tard…

_ Toi, dit sèchement Jok, tu piloteras.

_ Mais je n’ai pas le niveau, je vous dis !

_ Tu connais la théorie, tu apprendras sur le tas. Si le professeur t’a embarquée dans cette mission, c’est que tu dois nous servir de joker.

_ Mais non ! Je suis ici par accident ! C’était ça ou l’expulsion et la mise au secret ! Je ne suis pas faite pour cette mission !

_ Si Strombarr voulait que tu sois là, c’est que tu peux le faire, Elly. Ai un peu confiance dans la vieille sorcière, d’accord ?

La vieille sorcière… le surnom du professeur Strombarr. Parce que personne ne comprend comment elle fait pour tout prévoir et toujours arriver à ses fins. Le genre à toujours prévoir un plan Z. Oui, Eliana peut lui faire confiance – donc se faire confiance.

_ On y va. » conclut-elle.

Convaincre les créatures de les ramener au ponctionneur est plus long que prévu car, d’une part, elles ne comprennent pas qu’ils veuillent déplacer une malade, d’autre part, ils sont extrêmement offensés de voir leurs hôtes partir sans rien donner. La portée symbolique de ce don pourrait être qu’ils veulent être sûrs que les visiteurs reviennent, mais ce n’est qu’une hypothèse que les humains n’ont pas le temps de creuser. Eliana se débarrasse de certains compartiments de sa ceinture. En échange elle reçoit la fourrure recouvrant l’une des créatures, qui se retrouve parfaitement nue à l’exception de sa propre ceinture à laquelle elle accroche fièrement les compartiments. Après quoi ils acceptent de guider les étoiliens jusqu’aux animaux-tapis qui les emportent dans une nouvelle course folle… jusqu’aux limites de la forêt. Impossible pour eux de courir dans les bois ni de rejoindre le ponctionneur par un autre moyen, apparemment. Et ils refusent de les faire s’aventurer dans la plainte où ont lieu les migrations. Eliana se maudit de n’avoir pas été assez habile pour guider le ponctionneur jusqu’à leurs compagnons. Si Chaganov meure, elle en portera toujours le poids.

Et même s’ils parviennent jusqu’à l’engin… la cadette doute de plus en plus d’être capable de le manœuvrer.

Les créatures ne les accompagnent pas jusqu’à la plate-forme. Très vite elles se perdent derrière le feuillage mauve.

« Vous croyez qu’on a rêvé ? demande Ner Lin.

_ Uniquement si on nous a fait respirer du Sner, répond Jok, et du bon.

_ Dépêchez-vous ! » râle Eliana en courant presque.

Pour lutter contre l’épuisement, tous les trois se sont injectés quelques produits boostant issus de leur petite trousse de secours. L’analyseur biomédical de la combinaison de Chaganov joue lui aussi sur les médicaments pour la soulager, mais le venin échappe à ses moyens d’action. Ils avancent en ligne droite hors de tout chemin, tout comme à l’aller, et ils ne tardent pas à retomber sur la terrible plante carnivore.

« Je vais la déraciner, dit Ner Lin, on n’aura aucun mal à trouver un antidote si on a la plante.

Personne ne proteste. Eliana ressent une certaine horreur devant son propre manque de réaction. Toute une vie d’éducation et de philosophie prônant le respect de la vie, et pourtant… il lui a suffit d’être confrontée à la terrible réalité de la mort pour tout balayer et retrouver des instincts ancestraux : protéger son groupe à tout prix. Peut-être est-ce aussi pour ça que les Amazones sont si arrogantes : dans le Vaisseau surprotégé, ce sont les seules à risquer leur vie pour le bien de tous. Mais même ces hypothèses restent à l’arrière-plan, pâle bruit de fond, tandis que l’idée que Chaganov se meure lui martèle le cœur. Elle aimerait même écraser cette maudite plante, la détruire, la faire souffrir, pour lui faire payer ce qu’elle fait endurer à la petite fille. Qui murmure :

_ Ne l’abîmez pas… unique…

_ Toi aussi tu es unique, Chaganov, répond Elly.

_ ‘pelle-moi… Chav…

_ D’accord. Merci. » tente de dire Eliana tandis que l’émotion lui broie la gorge. Ils se remettent rapidement en route. Ils rejoignent la plate-forme et regagnent le ponctionneur. Marlowèn n’a pas bougé. Elle ne bougera plus jamais. Elle est morte. Un fin filet de salive bleue coule de sa bouche.

« Suicide, dit sèchement Jok.

Eliana ne le contredit pas. Ce n’est pas le moment d’examiner l’Amazone assassin. Après tout, c’est aussi de sa faute à elle si la mission a tourné à la catastrophe. Surtout sa faute à elle. La plante n’a fait que survivre. La cadette démarre la manœuvre à la main. Elle sort de la stratosphère de la planète. Il est temps maintenant qu’elle enfile le casque télépathique. Avant, elle prévient les deux hommes :

_ Je vais avoir besoin de votre aide. Dans le stimulateur, j’avais toujours du mal à tenir compte de la simulation d’impact en même temps. Ici on ne peut pas se permettre la moindre erreur. Vous savez lire une SI ?

_ Oui, répond Ner Lin.

_ S’il y a un danger, faites-le moi savoir. Pas en parlant, ça me déconcentrerai. Dessinez-le sur ma main. Les sensations tactiles, ça va.

_ Je vais lancer un appel pour avoir un site d’atterrissage, dit Jok. J’imagine que le secret n’a plus d’importance maintenant.

_ Exactement. » répondent en cœur Ner Lin et Eliana.

La cadette enclenche le casque et, comme elle a appris à le faire, joins ses pensées à la matière et l’antimatière de l’engin, jusqu’à en obtenir l’énergie de faire un saut jusqu’au Vaisseau.

« On y est, bon sang, elle a réussi ! murmure une voix floue et lointaine.

_ Silence ne la déconcentrez pas ! C’est maintenant le plus dur ! »

Oui, le plus dur : par sauts minuscules, en tenant compte de la vitesse du Vaisseau, de son attraction et de ses divers champs de force, tout en esquivant les astéroïdes lui servant de satellites et de mines de matières premières, trouver la minuscule porte qu’on vient d’ouvrir pour elle. Tout maîtriser et se laisser guider par l’instinct laborieusement inscrit dans sa chair au cours des années à l’Ecole…

Elle sent un geste sur sa main. Astéroïde. Dans le stimulateur, elle aurait paniquée. Mais le stimulateur ne rend pas compte de la puissance qui envahie la pilote d’un engin télépathique. Oui, de là vient vraiment l’orgueil des Amazones. Elle esquive et entre dans le sas.

Jok a fait prévenir d’urgence Strombarr,  qui non seulement a réussi à leur garantir une entrée discrète, mais surtout a prévu de quoi soigner Chaganov immédiatement, tout en récupérant immédiatement le précieux réxion. Epuisée, impuissante, Eliana reste à l’écart, sans oser quitter les lieux mais sans savoir quoi faire d’elle-même. Elle s’écroule plus qu’elle ne s’endort. A son réveil, Strombarr est là. Et elle lui dit :

« Chaganov est tirée d’affaire. On a vérifié pendant que tu dormais, mais tu n’as pas été contaminée. Malgré le suicide de Marlowèn, on a enfin réussi à rassembler des preuves contre les 111, et la présence de vie intelligente empêche toute tentative de colonisation. Oh, et félicitations, tu viens de monter au niveau 100 : ton admission chez les Amazones n’est plus qu’une formalité. »

Eliana ne répond pas. Elle ne sait même plus si elle a encore envie d’être une Amazone. Ils ont un monde à découvrir, n’est-ce pas mille fois plus passionnant ?

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Commentaires
L
Ecris en mars 2008 pour la deuxième édition du marathon de Deslyres (http://marathondeslyres.over-blog.com/categorie-10359328.html : il y a un bonus). Thème : voyage et autre monde. Je suis partie sur de la SF parce qu'on m'a proposé d'en faire avant même que le thème soit déterminé ! J'avais vaguement l'idée d'une planète extraterrestre pleine de couleurs, puis je me suis souvenue d'un vieux projet qui me tenait vraiment à coeur avec le Vaisseau, les Amazones et Chaganov. J'ai donc tenté de marier les deux. Ce qui m'a permi de découvrir qu'en fait, 24 pages, c'est super court ! En plus je savais dès le départ comment je voulais finir, j'ai donc paniquée au fur et à mesure que je voyais se réduire la place qui me restait pour retomber sur mes pieds ! Au final il y a un peu trop de tout partout, c'est dommage.
Ecriveuse en herbe
  • Envoi d'histoires, textes, nouvelles, scénario de BD et tentative de roman que j'ai écrit. Plus elles sont bien, plus il y a d'étoiles après le titre. Bonne lecture ! (textes protégés donc demandez avant de les utiliser merci)
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